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lundi 20 février 2012

Google, Facebook & Co. : grande braderie sur vos données privées !

LE PLUS. 25 dollars, c'est le prix que propose de vous payer Google en échange de l'accès absolu à toutes vos données privées. De vos historiques de navigation, aux contenus de vos e-mails en passant par vos mots de passe et les publicités ciblées, revue avec Thomas Gouritin de ce (pas si nouveau) marché de l'or virtuel.  

Google illustration
Le problème de l’exploitation des données personnelles sur internet est un sujet que j’aborde régulièrement dans ces colonnes. Mais à part quelques experts du sujet qui tirent à boulets rouges sur les grands du web comme Facebook ou Google, personne ne semble s’intéresser réellement au sujet.

Les réseaux sociaux sont un must pour la récupération de données précises sur les consommateurs, le Saint-Graal des marketeux de tous poils, la base de données magique alimentée par les consommateurs eux-même.



Et comme les utilisateurs n’ont pas l’air de s’en soucier, Google pousse le bouchon encore plus loin en vous proposant un partenariat : "j’espionne encore plus tes actions sur internet pour les revendre à mes clients annonceurs, en échange je t’offre des bons de réduction". Après tout pourquoi s’en priver ?

L’exploitation des données privées sur internet

Je ne vais pas vous faire un historique de la récolte de données sur internet, ce n’est pas de ma compétence et cela ne servirait pas mon propos. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment fonctionnent les géants du web 2.0 actuel et comment ils arrivent à s’extraire finement de ce genre de chausse-trappes.

Le cas le plus ancien est bien sûr celui de Google. Comme vous le savez peut-être Google lit vos mails sur Gmail afin de vous proposer des publicités ciblées. Bizarrement cela n’a pas fait changer beaucoup les choses, malgré une information vérifiée et plutôt bien diffusée par les médias plus ou moins spécialisés. C'est vrai que pour l'internaute lambda, il est facile de se dire que "de toute façon Gmail est ce qu’il y a de plus pratique, il me le faut même pour utiliser mon smartphone sous Androïd, bon, après tout il peut me proposer deux trois publicités intéressantes, c’est pas un problème". Vu comme ça, c'est la porte ouverte pour Google.

L’utilisation dans le "nuage" des services Google (notamment en entreprise pour une utilisation en équipe facilitée à moindres coûts) peut être, à ce titre, assez dangereuse pour la protection de données sensibles.

Facebook, la communication d’entrée en bourse balaye les sujets qui fâchent

Profils fantômes, fuites de données vers des applications tierces, suppression non définitive des contenus… Autant de péripéties peu glorieuses pour cette success-story typique de l’Oncle Sam reprise par tous les médias jusqu’à l’excès ces dernières semaines. En effet il est de bon ton de parler de l’ascension de Mark Zuckerberg, de son formidable outil, des milliers d’emplois créés avec l’écosystème Facebook et que sais-je encore. Pendant ce temps là, on ne parle plus de tous ces soucis majeurs comme la manipulation des données des utilisateurs à des fins commerciales.



Facebook
Un étudiant autrichien avait mis en évidence au mois d’octobre les fameux profils fantômes, qui permettaient au réseau social américain de connaître des personnes non inscrites à travers le recoupement d’informations recueillies dans les contacts d’utilisateurs inscrits. Comment voulez-vous attirer des utilisateurs avec des mails ciblés leur présentant leurs "amis" qui sont sur le réseau, sans avoir recueilli cette information quelque part ? La justice irlandaise (rappelons que Facebook Europe est implanté en Irlande) avait donné raison au géant américain fin 2011.

Les dirigeants de Facebook avaient alors sauté sur l’occasion pour nous faire leurs beaux discours de garants (et même de précurseurs), à propos de leurs bonnes pratiques sur la question. Beau plan de communication pour préparer "l’entrée en bourse du siècle". Et un très bon moyen d’occulter l’accord passé avec la FTC (la fédération de défense des consommateurs américains) qui lui impose un audit extérieur régulier pendant 20 ans (!) à ce sujet - même si le communiqué insiste sur le fait que cet accord préalable à une éventuelle sanction ne veut pas dire que Facebook est reconnu coupable, mais vu comment l’accord si contraignant a été accepté rapidement, il y a de quoi se poser des questions-.

Pendant que les médias du monde entier faisaient leurs gros titres avec des spéculations sur la capitalisation de Facebook en bourse, la CNIL irlandaise a, en toute discrétion, demandé à Facebook de réagir sur le dossier des données personnelles avant sanction. On apprenait aussi que le fameux étudiant autrichien avait rencontré discrètement des représentants de Facebook pour avancer sur le sujet et que des modifications allaient avoir lieu. Pour résumer la position de Facebook : "on est exemplaire sur l’utilisation des données de nos utilisateurs, mais on va quand même faire des changement importants, juste pour le plaisir". Assez original comme façon de faire.

Monnayer sa vie privée

Les géants du web moderne ont bien compris que le grand public ne se souciait guère du problème et que les pouvoirs publics se concentraient plus sur le côté création de nouveaux métiers, d’emplois et d’activité économique que sur la défense de leurs concitoyens (voir l’e-G8 par exemple).

Qu’à cela ne tienne, cela revient à vous payer pour être traqués sur internet. Comportement de navigation, sites consultés, tout y passe chez Google. Vous lui fournissez des données en or, qu'il peut revendre à ses clients annonceurs qui vont avoir des outils encore plus puissants pour adapter leur marketing aux différentes typologies de clients présents sur le web. D’un point de vue purement marketing, c’est peut être l’ultime étape pour des études ultra précises où l’on peut croiser la fréquence de visite de tel ou tel site avec les goûts des internautes, leurs habitudes télévisuelles, leurs opinions politiques… Tout ça pour 25 dollars par an !

Facebook mis sur un piédestal comme nouveau média miracle pour les marques (j’ai de sérieux doutes, voir la manipulation faite par l’agence d’Orangina ou encore les microjobs qui faussent complétement les interactions sur le réseau), nouveau moteur de croissance pour l’économie française et européenne, Mark Zuckerberg comme porte-drapeau d’une génération Internet milliardaire… Tout cela se fait au mépris des règles d’éthique les plus élémentaires.

Après tout cela reste dans la logique d'une certaine dualité en matière de vie privée sur internet : la vision liberticide/consommation de masse des différents lobbys (souvenez-vous la fermeture sauvage de Megaupload, le projet ACTA et j'en passe et des meilleurs) ou la neutralité et la liberté prônée par les défenseurs d'un internet libre, refuge du partage d'idées et de connaissances.

Quelle sera l’étape suivante ?

                                                                                                                                source

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